RAPPORT 2019-2020

                                  Rapport moral et financier 2019 2020 doc VF

                                                                                 

                                                     ACTIVITÉ 2019-2020

I) Orientation stratégique d’Amitié et Développement pour 2021

La situation au Sahel depuis l’année dernière est restée préoccupante, notamment au Burkina Faso.

L’insécurité qui existait depuis déjà une dizaine d’années au Nord du pays et qui, petit à petit, était descendue vers le Sud mais surtout qui avait gagné tout l’Est existe toujours. De nombreux villages de l’Est sont contrôlés par les djihadistes à tel point que, pour la première fois, nous avons vu mentionné dans un grand projet qui nous était soumis un avertissement soulignant que l’accord des djihadistes pour la réalisation du programme dans le village concerné serait requise… Par ailleurs, un site de prospection de forage pour la réalisation d’un de nos programmes a dû être changé parce qu’il était sous contrôle des djihadistes.

La présence militaire occidentale et française plus particulièrement semble être dans l’incapacité de réellement contrôler la situation tellement cela dépend des populations et des gouvernements locaux qui n’ont ni les moyens (malgré les aides substantielles accordées), ni les compétences et ni la vraie volonté, étouffée par un fatalisme misérable (favorisé par la misère et le sous développement) chronique, de redresser la situation.

Nous n’attendons pas grand chose des élections présidentielle et législative qui vont se tenir en novembre 2020 au Burkina et il nous faut donc aborder 2021 en pensant que rien ne changera en mieux et en espérant que rien ne changera en pire.

Il nous reste trois régions du Burkina dans lesquelles nous pouvons œuvrer en étant assurés que les aides accordées seront bien utilisées connaissant très bien nos partenaires d’une part, et d’autre part, parce que l’environnement sécuritaire y est à un niveau acceptable permettant ainsi la réalisation des programmes d’investissements: Ouagadougou avec une ligne Est-Ouest d’environ 150 kilomètres de part et d’autre de Ouagadougou, le centre Sud du Burkina (autour de Tenkodogo) et la région Ouest autour de Diebougou-Bobo Dioulasso.

Dans ces trois régions nous avons mené des programmes et nous avons notre réseau bien vivant sauf dans le secteur de Kordié (150km Ouest de Ouagadougou) où notre partenaire, l’abbé Bationo, prend au minimum trois années sabbatiques qu’il passe en France à Saint Flour. A part Kordié, donc où il nous sera difficile de trouver un nouveau partenaire de Paris, nous pouvons partout ailleurs continuer nos opérations en confiance.

Prenant en considération cela, nous avons donc décidé de continuer nos opérations pour 2021, même si nous ne sommes pas à l’abri d’une dégradation de la situation sécuritaire et même si, une nouvelle fois, cette année nous ne pourrons pas encore aller sur les sites. Nous sommes convaincus en effet que l’ancienneté de nos relations avec nos partenaires nous permet de travailler en confiance, compensant ainsi cette impossibilité. Nous envisageons en outre d’aller au début de 2021 à Ouagadougou pour rencontrer nos partenaires qui se déplaceraient alors pour nous voir, pour visiter nos réalisations qui se situent dans la capitale intra muros et même, pourquoi pas, essayer de trouver un nouveau partenaire pour le secteur de Kordié.

II) Nos actions en 2020

Nous avons investi en aides une somme légèrement supérieure à 80 000€ contre 72 000€ l’année précédente. Ce chiffre montre que le défi que nous nous étions lancé de ne pas pénaliser deux fois la population, à la fois victime du terrorisme et potentielle victime de l’arrêt des aides versées par les partenaires étrangers, a bien été relevé. L’activité a en effet été du même niveau moyen que les autres années.

Rappelons que toutes les aides versées tiennent compte d’une participation locale de 15%.

• Dans le domaine de la gestion de l’eau et de l’assainissement (33 000€), nous avons aidé à la réalisation d’un forage réceptionné en janvier 2020 dans le village de Godaa (près de Kordié) , village que nous avions visité il y a deux ans et qui l’attendait depuis fort longtemps. C’est l’abbé Bationo, le curé de Kordié qui quitte la région – comme il a été mentionné – qui était notre interlocuteur pour ce dossier. L’investissement a représenté 9 157€.

Nous avons également commencé la réalisation d’un programme d’équipement en forages (un par village) et latrines (10 par village) de cinq villages situés dans la région de Fada à l’Est du Burkina dans la région qui est devenue dangereuse voilà maintenant deux ans. Ce programme a été financé à 90% par la communauté urbaine de Lyon et représente le second volet du plan d’aménagement initial de 10 villages qui avait été scindé en deux (le premier a été achevé l’année dernière). Une somme de 24 125€ a été déboursée sachant que 13 000€ avaient déjà été avancés en 2019.

Si la réalisation du volet sanitaire se déroule de manière satisfaisante, nous nous heurtons par contre à des difficultés sérieuses sur le volet forages: Deux forages seulement ont été entrepris avec deux échecs par manque d’eau à 80 mètres de profondeur. Les trois autres n’ont pas été encore commencés.
Le programme a donc pris du retard aggravé par la saison des pluies puisqu’aucun forage ne peut être réalisé à cette époque. Les nouveaux essais débuteront seulement en novembre de cette année et nous espérons qu’ils seront productifs. Dans l’attente, le transfert de la seconde tranche des versements de la Métropole Lyon a été suspendu le temps de mettre en place un protocole de forages adéquat.

• Dans le domaine de la formation et de l’enseignement (28 000€), nous avons investi une somme de 10 795€ dans le parrainage de 100 élèves allant de la sixième à la troisième du collège de Goundri à Ouagadougou dans une banlieue très défavorisée avec qui nous avons une relation très ancienne. Nous leur avons financé de nombreuses constructions et c’est la première fois que nous finançons directement la scolarité d’élèves suite à leur demande pressante, l’environnement économique et social des familles s’aggravant de manière sérieuse compte tenu du contexte politique et social qui prévaut actuellement au Burkina. Par ailleurs, nous leur avons également financé le renouvellement de tables et de bancs pour une somme de 4 505€

Toujours dans ce domaine, nous avons aidé aussi les Soeurs de Diebougou (10 000€) pour leur programme de formation technique (couture, broderie, élevage, enseignement général de base) pour des filles de la brousse. Nous avons été très contents des efforts importants qu’elles ont faits pour fabriquer des vêtements en tissage et les vendre (nous les avions aidées pour construire un magasin) ce qui valorise considérablement ces jeunes filles et les met en bonne position pour prendre en main leur avenir.

Enfin nous avons, comme pratiquement chaque année, financé un programme d’alphabétisation dans le village de Kordié.

• Dans le domaine de la santé, (9 000€) nous avons financé un biomètre optique pour le centre ophtalmologique de Fada géré par l’Ocades de Fada. Nous attendons le rapport d’installation et d’utilisation, l’achat de l’équipement ayant pris pas mal de retard en raison de la crise sanitaire (achat en Allemagne). Nous pensons qu’il devrait effectivement être livré dans ce mois d’octobre. Les soins des yeux ont toujours été le parent pauvre du système sanitaire africain et le Burkina ne fait pas exception et nous avons donc considéré comme utile d’apporter notre contribution, même modeste.

• Enfin, dans le domaine des activités pour l’autonomie des femmes, nous avons contribué à l’achat d’un moulin solaire (9 520€) pour le village de Sebretenga, près de Tenkodogo, centre Sud du Burkina pour l’activité des femmes du village (environ 300). Jusqu’à maintenant, ces femmes étaient obligées de faire dix kilomètres pour trouver un moulin à grains, la seule autre solution était une meule en pierre traditionnelle peu productive. L’Ocades du diocèse de Tenkodogo comme tous les Ocades est très sensible à tout ce qui peut améliorer le statut économique et social des femmes et avait fait une enquête auprès d’elles. Cette demande était loin devant les autres. Le coût de l’investissement inclut une formation de dix jours des femmes.

Nous avons également financé, dans la région de Kordié, l’achat de graines de néré et de marmites (1 300€) pour la production de soumbala (aliment très riche en protéines) pour les femmes qui le fabriquent et le vendent également et sont donc plus autonomes économiquement.

III) Les finances de notre association (tableau détaillé en fin du rapport)

Nos recettes, sur la période allant du 1er septembre 2019 au 31 août 2020, se sont élevées à 70 155€ contre 73 585€ l’année précédente soit une diminution de 5%

Cette diminution est cependant en trompe l’œil car elle cache une baisse des dons des personnes ou personnes morales privées de 38% (-26 555€), le montant passant de 69 585€ à 43 030€. Cette baisse s’explique par le non renouvellement des dons de certaines personnes grandes donatrices: 80% de la diminution est concentré sur 4 personnes.

Beaucoup d’associations, suite aux réformes fiscales, ont subi une baisse des dons mais nous ne pensons pas que cela soit l’explication pour Amitié et Développement. C’est juste l’addition de décisions individuelles, même si notre base de donateurs a tendance à s’éroder.

La baisse des dons privés a été compensée par le versement de la subvention de la communauté urbaine de Lyon pour un montant de 27 125€ pour le programme phase 2 forages et assainissement autour de Fada.Nos dépenses se sont élevées à 82 205€ contre 73 833€ en 2019 soit une augmentation de
8 372€.

Sur ce total de 82 205€, les frais de gestion représentent 836€, soit seulement 1% de notre budget annuel de dépenses, ce qui veut dire que 99% de vos dons vont directement aux bénéficiaires.

Les dépenses sont donc essentiellement des soutiens :

10 795€ pour le parrainage de 100 élèves du collège de Goundri ainsi que 4 505€ pour des tables et bancs du même collège,

10 000€ ont été dépensés pour les programmes des filles de la brousse à Diebougou,

9 520€ ont été dépensés pour le moulin à grains solaire pour les femmes d’un village près de Tenkodogo,

24 213 € ont été dépensés pour le second programme de forages et d’assainissement du Fonds Eau pour équiper les 5 villages en forages et latrines,

9 157€ pour le forage de Godaa près de Kordié,

9 141€ pour le biomètre optique (centre ophtalmo de Fada),

1 300€ pour le programme de soumbala pour les femmes de villages autour de Kordié,

2 738€ pour l’alphabétisation dans des villages autour de Kordié,

et enfin 836€ de frais de gestion.

Nous avons donc sur l’exercice clos le 31 août 2020, un déficit de – 12 050€

Notre solde bancaire à fin août 2020 était de 25 709€ dont 11 955€ venant de la communauté urbaine de Lyon (2eme tranche du programme) non encore transférée au Burkina en raison des problèmes techniques sur les forages (protocole à mettre en place).

En conclusion, Amitié et Développement continue même si les conditions sont plus difficiles qu’avant. Tant que notre réseau vivra, nous pensons qu’il faut l’utiliser pour aider les populations pour leur éviter la double punition (terrorisme et diminution des aides extérieures). Nous avons d’ailleurs déjà programmé la mise en place d’un réseau d’adduction d’eau dans un village près de Tenkodogo.

Enfin, pour notre association, ses besoins d’argent restent ce qu’ils étaient c’est à dire importants vu les demandes d’aides qui nous parviennent et nous ne pouvons que regretter l’évolution des dons des personnes privées constatée cette année.

Nous allons réfléchir ensemble sur une stratégie possible pour compenser cette baisse mais la solution n’est pas évidente, vu le contexte actuel.

Nous comptons donc plus que jamais sur votre générosité!

 

Pour votre Conseil d’administration, son président Michel Vandier.